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Sa mémoire est diffamée.

La foule servile du palais, qui avait si long-temps adoré la fortune de Stilichon, affecta d’insulter à son malheur ; et la liaison la plus éloignée avec le grand-maître de l’Occident, considérée peu de jours avant comme un moyen de parvenir aux honneurs et aux richesses, fut désormais désavouée avec soin et punie avec rigueur. Sa famille, unie par une triple alliance à celle de Théodose, se voyait réduite à envier le sort des derniers habitans des campagnes. Son fils Euchérius fut arrêté dans sa fuite, et la mort de ce jeune homme innocent suivit de près le divorce de Thermentia, qui avait pris la place de sa sœur Marie, et avait conservé, comme elle, sa virginité dans le lit impérial[1]. L’implacable Olympius persécuta tous ceux des amis de Stilichon qui avaient échappé au massacre de Pavie, et employa les plus cruelles tortures pour leur arracher l’aveu d’une conspiration sacrilége. Ils moururent en silence. Leur fermeté justifie le choix[2] de leur protecteur,

    très-obscurément raconté la disgrâce et la mort de Stilichon. Olympiodore (apud Photium, p. 177), Orose (l. VII, c. 38, p. 571, 572), Sozomène (l. IX, c. 4) et Philostorgius (l. XI, c. 3 ; l. XII, c. 2) y suppléent un peu dans leurs différens passages.

  1. Zosime, l. V, p. 333. Le mariage d’un prince chrétien avec deux sœurs scandalise Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 557), qui prétend que le pape Innocent Ier aurait dû faire quelque démarche relative à une dispense ou à une opposition.
  2. Zosime parle honorablement de deux de ses amis (l. V, p. 346), Pierre, chef de l’école des notaires, et le grand