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nuit. Le monarque épouvanté, qu’on avait vu dans les rues de Pavie sans diadème et dépouillé de la pourpre impériale, céda aux conseils de son favori, condamna la mémoire des victimes, et reconnut publiquement l’innocence et la fidélité des assassins. La nouvelle du massacre de Pavie remplit l’âme de Stilichon des plus justes et des plus sinistres appréhensions. Il assembla sur-le-champ dans le camp de Bologne, un conseil des chefs confédérés, attachés à sa personne et qui devaient craindre de se trouver enveloppés dans sa ruine. Aux armes ! à la vengeance ! furent les premiers cris que fit entendre cette impétueuse assemblée ; ils voulaient marcher sans délai sous les étendards d’un héros qui les avait si souvent conduits à la victoire ; surprendre, saisir et exterminer le perfide Olympius et ses méprisables Romains, et peut-être assurer le diadème sur la tête de leur général outragé. Au lieu d’exécuter une résolution qui pouvait être justifiée par le succès, Stilichon hésita jusqu’au moment où sa perte devint inévitable. Il ignorait encore le sort de l’empereur, se méfiait de son propre parti, et considérait avec horreur le danger d’armer une multitude de Barbares indisciplinables contre les soldats et les peuples de l’Italie. Les chefs, irrités de ses doutes et de ses délais, se retirèrent frappés de crainte et enflammés d’indignation. À minuit, Sarus, guerrier de la nation des Goths, et renommé, même parmi eux, pour sa force et son intrépidité, entra tout à coup à main armée dans le camp de son bienfaiteur, pilla le ba-