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avec ses propres sujets, avait ranimé insensiblement l’autorité du sénat de Rome ; et le ministre d’Honorius consulta respectueusement le conseil législatif de la république. Stilichon assembla les sénateurs dans le palais des Césars, représenta, dans un discours étudié, l’état actuel des affaires, exposa les propositions du roi des Goths, et soumit à leur décision le choix de la paix ou de la guerre. Les pères conscrits, comme s’ils se fussent réveillés d’une léthargie de quatre cents ans, parurent inspirés, dans cette importante occasion, plutôt par le courage que par la sagesse de leurs prédécesseurs ; ils déclarèrent hautement, soit par des discours prononcés avec calme, soit par des acclamations tumultueuses, qu’il était indigne de la majesté de Rome d’acheter une trêve honteuse d’un roi barbare, et qu’un peuple magnanime devait toujours préférer le hasard de sa destruction à la certitude du déshonneur. Le ministre, dont les intentions pacifiques n’étaient approuvées que par quelques-unes de ses vénales et serviles créatures, essaya de calmer la fermentation générale par l’apologie suivante de sa propre conduite et même des demandes d’Alaric. « Le payement du subside, qui semble exciter l’indignation des Romains, ne devait pas être considéré, disait-il, sous le jour odieux d’un tribut ou d’une rançon arrachée par les menaces d’un ennemi barbare. Alaric avait fidèlement soutenu les justes prétentions de la république sur les provinces usurpées par les Grecs de Constantinople ; il ne demandait qu’à stipuler une récom-