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près d’Œmone, sur les frontières de l’Italie[1], il fit passer à l’empereur de l’Occident une longue liste de promesses, de dépenses et de demandes, exigea une prompte satisfaction sur ces objets, et ne dissimula point le danger du refus. Cependant, si sa conduite était celle d’un ennemi, ses expressions étaient décentes et respectueuses. Alaric se déclarait modestement l’ami de Stilichon, le soldat d’Honorius ; offrait de marcher sans délai, à la tête de toutes ses troupes, contre l’usurpateur de la Gaule, et sollicitait, pour y établir à demeure sa nation, quelque canton vacant dans les provinces de l’Occident.

Débats du sénat de Rome. A. D. 408.

Les négociations de deux habiles politiques qui cherchaient à se tromper réciproquement et à en imposer au monde, seraient peut-être restées enveloppées d’un voile impénétrable et enterrées dans le secret du cabinet, si les débats d’une assemblée populaire n’avaient jeté quelques rayons de lumière sur la correspondance d’Alaric et de Stilichon. La nécessité de soutenir par quelque expédient artificiel un gouvernement qui, à raison non pas de sa modération, mais de sa faiblesse, se trouvait réduit à traiter

  1. Voyez Zosime, l. V, p. 334, 335. Il suspend son récit peu satisfaisant, pour raconter la fable d’Œmone et du vaisseau Argo, qui fut traîné sur terre depuis le lieu où est située cette ville, jusqu’à la mer Adriatique. Sozomène (l. VIII, c. 25 ; l. IX, c. 4) et Socrate (l. VII, c. 10) jettent une faible lumière ; et Orose (l. VII, c. 38, p. 571) est horriblement partial.