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suspendu l’exécution de ce dessein ambitieux, stipulé ou au moins inséré dans les articles du traité ; et l’on pourrait comparer la neutralité du roi des Goths à l’indifférence de César, qui, dans la conjuration de Catilina, refusa son secours et pour et contre l’ennemi de la république. Après la défaite des Vandales, Stilichon renouvela ses prétentions sur les provinces de l’Orient, nomma des magistrats civils pour l’administration de la justice et des finances, et déclara qu’il lui tardait de conduire l’armée des Romains et des Goths réunis aux portes de Constantinople. Cependant la prudence de Stilichon, son aversion pour les guerres civiles et sa parfaite connaissance de la faiblesse de l’état, portent à croire que sa politique avait plus en vue de conserver la paix intérieure que de faire des conquêtes, et que son but principal était d’éloigner les forces d’Alaric de l’Italie. Ce dessein n’échappa pas long-temps à la pénétration du roi des Goths, qui, continuant d’entretenir une correspondance suspecte ou peut-être perfide, avec les deux cours rivales, prolongea comme un mercenaire mécontent ses opérations languissantes en Épire et dans la Thessalie, et revint promptement demander des récompenses extravagantes pour des services imaginaires. De son camp

    (Hist. des Peuples de l’Europe, t. VII, c. 3-8, p. 69-206), et sa laborieuse exactitude peut fatiguer quelquefois un lecteur superficiel.