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service militaire d’un peuple mécontent et pusillanime.

Négociation d’Alaric et de Stilichon. A. D. 404-408.

Le poète adulateur qui a attribué les victoires de Pollentia et de Vérone à l’intrépidité des Romains, précipite sur l’armée d’Alaric, fuyant hors de l’Italie, une horrible troupe de spectres enfantés par son imagination, et placés en effet avec beaucoup de vraisemblance à la suite d’une multitude de Barbares exténués par les fatigues, la famine et les maladies[1]. Dans le cours de cette expédition malheureuse, le roi des Goths doit avoir souffert une perte considérable ; il lui fallut du temps pour recruter ses soldats harassés et pour ranimer leur confiance. L’adversité avait donné au génie d’Alaric autant d’éclat que d’exercice, et la renommée de sa valeur amenait sous ses drapeaux les plus braves guerriers des Barbares, qui, depuis les bords de l’Euxin jusqu’à ceux du Rhin, étaient enflammés de l’amour des conquêtes et du brigandage. Alaric avait mérité l’estime de Stilichon, et accepta bientôt son amitié. Renonçant au service d’Arcadius, il conclut avec la cour de Ravenne un traité de paix et d’alliance par lequel l’empereur le déclarait maître général des armées romaines dans toute la préfecture d’Illyrie, telle que le ministre d’Honorius la réclamait selon les limites anciennes et véritables[2]. L’irruption de Radagaise semble avoir

  1. … Comitatur euntem
    Pallor, et atra fames ; et saucia lividus ora
    Luctus ; et inferni stridentes agmine morbi.

        Claud. in IV cons. Honor. 321, etc.

  2. Le comte du Buat a examiné ces obscures transactions