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pouvaient préférer la licence illimitée du brigandage, aux bénéfices modestes d’une paye régulière ; mais les provinces de la Gaule étaient remplies d’une race nombreuse d’hommes jeunes, robustes et vigoureux, qui, s’ils avaient osé braver la mort pour défendre leurs maisons, leurs familles et leurs autels, auraient mérité d’obtenir la victoire. La connaissance du pays leur aurait constamment fourni des obstacles insurmontables à opposer aux progrès des usurpateurs ; et les Barbares, manquant également d’armes et de discipline, étaient aux Gaulois le seul prétexte qui puisse excuser la soumission d’une contrée populeuse à une armée inférieure en nombre. Lorsque Charles-Quint fit une invasion en France, il demanda d’un ton présomptueux à un prisonnier, combien on comptait de journées de la frontière à Paris : « Douze au moins, lui répondit fièrement le soldat, si votre majesté les compte par les batailles[1]. » Telle fut la réponse hardie qui rabattit l’orgueil de ce monarque ambitieux. Les sujets d’Honorius et ceux de François Ier étaient animés d’un esprit bien différent. En moins de deux ans, les bandes séparées des sauvages de la mer Baltique, dont le nombre, en l’examinant de bonne foi, ne paraîtrait pas digne de la moindre crainte, pénétrèrent sans combattre jusqu’au pied des Pyrénées.

Révolte de l’armée bretonne. A. D. 407.

Dans les premières années du règne d’Honorius,

  1. Voyez les Mémoires de Guillaume du Bellay, l. VI.