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villes se virent protégées par des défenseurs[1] élus par le peuple pour lui servir de tribuns ou d’avocats, pour défendre ses droits, pour porter ses plaintes devant les tribunaux et jusqu’au pied du trône. Accoutumés pendant une grande partie de leur vie à l’économie sévère qu’exige une fortune médiocre, les deux empereurs suivaient avec soin l’administration des finances ; mais en examinant avec attention le gouvernement des deux empires, on apercevait entre eux une différence dans la recette et dans la dépense des revenus. Valens était persuadé que la libéralité d’un monarque entraîne inévitablement l’oppression de ses sujets, et il ne fut jamais tenté de sacrifier leur bonheur présent à leur grandeur et à leur prospérité future. Loin d’augmenter le poids des taxes qu’on avait insensiblement doublées dans l’espace de quarante ans, il supprima, dès les premières années de son règne, un quart des tributs de l’Orient[2]. Valentinien paraît avoir été moins sensible aux peines de ses peuples et moins attentif à les soulager. Il put réformer les abus de l’administration fiscale ; mais il

  1. Cod. de Théod., l. I, tit. II, et le Paratitlon de Godefroy recueille soigneusement tout ce qui se trouve d’important dans le reste du Code.
  2. Trois lignes d’Ammien (XXXI, 14) viennent à l’appui d’un discours entier de Themistius (VIII, p. 101-120), rempli d’adulation, de pédantisme et de lieux communs de moralité. L’éloquent M. Thomas (tom. I, p. 366-396) s’est amusé à célébrer les vertus et le génie de Themistius, qui était bien digne du siècle dans lequel il a vécu.