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un terrain plus étendu et dans une occasion plus décisive, du moyen qu’il avait déjà employé deux fois avec succès contre le roi des Goths, le général enferma ses ennemis dans une forte ligne de circonvallation. Le moins instruit des guerriers romains ne pouvait ignorer l’exemple de César et les fortifications de Dyrrachium, qui, liant ensemble vingt-quatre forts par un fossé et un rempart non interrompus dans une étendue de quinze milles, présentaient le modèle d’un retranchement capable de contenir et d’affamer la plus nombreuse armée[1]. Les troupes romaines n’avaient pas autant perdu de l’industrie que de la valeur de leurs ancêtres ; et si les travaux serviles et pénibles blessaient la vanité des soldats, la Toscane pouvait fournir des milliers de paysans plus disposés à travailler qu’à combattre pour le salut de leur patrie. Le manque de subsistances servit sans doute plus que l’épée des Romains à détruire une multitude d’hommes et de chevaux renfermés comme dans une étroite prison[2] ; mais pendant

  1. Franguntur montes, planumque per ardua Cæsar
    Ducit opus : pandit fossas, turritaque summis
    Disponit castella jugis, magnoque recessu
    Amplexus fines : saltus nemorosaque tesqua
    Et sylvas, vastâque feras indagine claudit.

    Cependant le simple récit de la vérité (César, De bell. civ., III, 44) est fort au-dessus des amplifications de Lucain. (Pharsal., l. VI, 29-63.)

  2. Les expressions d’Orose « In arido et aspero montis jugo, » « In unum et parvum verticem, » ne conviennent guère au camp d’une grande armée ; mais le quartier général