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qui n’était point souillé de sang romain comme celui de Constantin ou de Théodose. Le cortége passa sous un arc fort élevé, et construit exprès pour cette cérémonie ; mais moins de sept ans après, les Goths, vainqueurs de Rome, ont pu lire la fastueuse inscription de ce monument, qui attestait la défaite et la destruction totale de leur nation[1]. L’empereur résida plusieurs mois dans la capitale, et sa conduite fut dirigée avec le plus grand soin, de manière à lui concilier l’affection du clergé, du sénat et du peuple romain. Le clergé fut édifié de ses fréquentes visites, et de la libéralité de ses dons aux châsses des saints apôtres. Le sénat, qui avait été dispensé de l’humiliante obligation de précéder à pied, selon l’usage, le char de l’empereur durant la marche triomphale, fut traité avec le respect décent que Stilichon affecta toujours pour cette assemblée. Le peuple parut flatté de l’affabilité d’Honorius, et de la complaisance avec laquelle il assista plusieurs fois aux jeux du cirque, célébrés dans cette occasion avec une magnificence qui pouvait les rendre dignes d’un tel spectateur. Dès que le nombre fixe de courses de chars était accompli, la décoration changeait ; une chasse d’animaux sauvages offrait un spectacle

  1. Voyez l’inscription dans l’histoire des anciens Germains par Mascou (VIII, 12). Les expressions sont positives et imprudentes : Getarum nationem in omne ævum domitam, etc.