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rent hautement la politique de Stilichon qui laissait continuellement échapper un ennemi dangereux qu’il avait vaincu si souvent et tant de fois environné. Le premier moment après la délivrance est consacré à la joie et à la reconnaissance ; l’ingratitude et la calomnie s’emparent promptement du second[1].

Triomphe d’Honorius à Rome. A. D. 404.

L’approche d’Alaric avait effrayé les citoyens de Rome et l’activité avec laquelle ils travaillèrent à réparer les murs de la capitale, annonça leurs craintes et le déclin de l’empire. Après la retraite des Barbares, on prescrivit à Honorius d’accepter l’invitation respectueuse du sénat, et de célébrer dans la ville impériale l’époque heureuse de la défaite des Goths et de son sixième consulat[2]. Depuis le pont Milvius jusqu’au mont Palatin, les rues et les faubourgs étaient remplis par la foule du peuple romain qui, depuis cent ans, n’avait joui que trois fois de l’honneur de contempler son souverain. En fixant leurs regards sur le char dans lequel Stilichon accompagnait son auguste pupille, les citoyens applaudissaient sincèrement à la magnificence d’un triomphe

  1. Taceo de Alarico… sæpe victo, sæpe concluso, semperque dimisso. Orose, l. VII, c. 37, p. 567. Claudien (VI cons. Honor. 320) tire le rideau en présentant une fort belle image.
  2. Le reste du poëme de Claudien, sur le sixième consulat d’Honorius, donne la description du voyage, du triomphe et des jeux, 330-660.