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et d’envahir ses riches provinces sans défiance. Ne se doutant point de la trahison qui avait déjà déconcerté ce sage et hardi projet, Alaric s’avança vers les passages des montagnes, qu’il trouva occupés par les troupes impériales ; et dans le même instant son armée fut attaquée de front, sur ses flancs et sur ses derrières. Dans cette action sanglante, à une très-petite distance des murs de Vérone, les Goths firent une perte égale à celle de la défaite de Pollentia, et leur intrépide commandant, qui dut son salut à la vitesse de son cheval, aurait inévitablement été pris mort ou vif, si l’impétuosité indisciplinable des Alains n’eût pas déconcerté les précautions du général romain. Alaric sauva les débris de son armée sur les rochers voisins, et se prépara courageusement à soutenir un siége contre un ennemi supérieur en nombre, qui l’environnait de toutes parts ; mais il ne put parer au besoin impérieux de subsistances, ni éviter la désertion continuelle de ses impatiens et capricieux Barbares. En cette extrémité, il trouva encore des ressources dans son courage ou dans la modération de son ennemi, et sa retraite fut regardée comme la délivrance de l’Italie[1]. Cependant le peuple et même le clergé, également incapables de juger de la nécessité de la paix ou de la guerre, blâmè-

  1. La guerre gothique et le sixième consulat d’Honorius lient ensemble assez obscurément les défaites et la retraite d’Alaric.