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Bataille de Pollentia. A. D. 403. 29 mars.

L’indiscipline des Goths les exposait continuellement à des surprises ; mais au lieu de choisir le moment où ils se livraient aux excès de l’intempérance, Stilichon résolut d’attaquer les dévots barbares tandis qu’ils célébraient pieusement la fête de Pâques[1]. L’exécution de ce stratagème, que le clergé traita de sacrilège, fut confiée à Saul, barbare et païen, qui avait cependant servi avec distinction parmi les généraux vétérans de Théodose. La charge impétueuse de la cavalerie impériale jeta le désordre et la confusion dans le camp des Goths qu’Alaric avait assis dans les environs de Pollentia[2] ; mais le génie de leur intrépide général rendit en un instant à ses soldats un ordre et un champ de bataille ; et après le premier instant de la surprise, les Barbares, persua-

    l’Achille des Goths sont énergiques, parfaitement adaptées à leurs caractères et aux circonstances, et non moins fidèles peut-être que celles de Tite-Live.

  1. Orose (l. VII, c. 37) est irrité de l’impiété des Romains, qui attaquèrent de si pieux chrétiens le dimanche de Pâques. On offrait cependant alors des prières à la châsse de saint Thomas d’Édesse, pour obtenir la destruction du brigand arien. Voyez Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 529), qui cite une homélie attribuée mal à propos à saint Chrysostôme.
  2. Les vestiges de Pollentia se trouvent à vingt-cinq milles au sud-est de Turin. Urbs, dans les mêmes environs, était une maison de chasse des rois de Lombardie, où se trouvait une rivière du même nom, qui justifia la prédiction : « Penetrabis ad Urbem. « (Cluv., Italia antiqua, t. I, p. 83-85.)