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de s’opposer à une démarche honteuse qui aurait abandonné Rome et l’Italie aux Barbares ; mais comme les troupes du palais avaient été détachées récemment sur la frontière de Rhétie, comme la ressource des nouvelles levées n’offrait qu’un secours tardif et précaire, le général de l’Occident ne put faire d’autre promesse que celle de reparaître dans très-peu de temps, si la cour de Milan consentait à tenir ferme durant son absence, avec une armée suffisante pour repousser Alaric. Sans perdre un seul moment dans une circonstance où ils étaient tous si intéressans pour la sûreté publique, le brave Stilichon s’embarqua sur le lac Laurien, gravit au milieu de l’hiver, tel qu’il se fait sentir dans les Alpes, les montagnes couvertes de neige et de glace, et réprima, par son apparition inattendue, les ennemis qui troublaient la tranquillité de la Rhétie[1]. Les Barbares, peut-être quelques tribus des Allemands, respectaient la fermeté d’un chef qui leur parlait encore du ton d’un commandant, et regardèrent comme une preuve d’estime et de confiance le choix qu’il fit d’un nombre de guerriers parmi leur plus brave jeunesse. Les cohortes délivrées du voisinage de l’ennemi joignirent sur-le-champ l’étendard impérial ; et Stilichon fit passer des ordres dans tous

    get., 267. Combien ne fallait-il pas qu’Honorius fût méprisé, même dans sa propre cour !

  1. L’aspect du pays et la hardiesse de Stilichon sont supérieurement décrits, De bell. getic., 340-363.