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a publiquement énoncé des opinions libérales sur les devoirs des souverains et sur l’état de la république romaine. Il observe et déplore l’abus funeste que l’imprudente bonté du dernier empereur avait introduit dans le service militaire. Les citoyens et les sujets achetaient pour une somme d’argent fixe, l’exemption du devoir indispensable de défendre la patrie, dont la sûreté se trouvait confiée à des Barbares mercenaires. Des fugitifs de la Scythie possédaient et déshonoraient une partie des plus illustres dignités de l’empire. Leur jeunesse féroce dédaignait le joug salutaire des lois, s’occupait plutôt des moyens d’envahir les richesses, que d’acquérir les arts d’un peuple qu’elle haïssait et méprisait également ; et la puissance des Goths, semblable à la pierre de Phlégyas perpétuellement suspendue, menaçait toujours la paix et la sûreté de l’état qu’elle devait écraser un jour. Les moyens recommandés par Synèse annoncent les sentimens d’un patriote hardi et zélé. Il exhorte l’empereur à ranimer la valeur de ses sujets par l’exemple de ses vertus et de sa fermeté, à bannir le luxe de la cour et des camps, à substituer à la place des Barbares mercenaires une armée d’hommes intéressés à défendre leurs lois et leurs propriétés ; il lui conseille d’arracher, dans ce moment de crise générale, l’ouvrier de sa boutique, et le philosophe de son école, de réveiller le citoyen indolent du songe de ses plaisirs, et d’armer, pour protéger l’agriculture, les mains rustiques des robustes laboureurs. Il excite le fils de Théodose à se