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camp était environné, exécuter une marche difficile et dangereuse de trente mille jusqu’au golfe de Corinthe, et transporter ses troupes, ses captifs et son butin de l’autre côté d’un bras de mer, qui, dans l’endroit le plus étroit, entre Rhium et la côte opposée, est large d’environ un demi-mille[1]. [Alaric se réfugie avec son armée en Épire.]Ces opérations furent sans doute secrètes, prudentes et rapides, puisque le général romain apprit avec la plus grande surprise que les Goths, après avoir éludé tous ses efforts, étaient en pleine et paisible possession de l’importante province d’Épire. Ce malheureux délai donna le temps à Alaric de conclure le traité qu’il négociait secrètement avec les ministres de Constantinople. La lettre hautaine de ses rivaux, et la crainte d’une guerre civile, forcèrent Stilichon à se retirer des états d’Arcadius, et à respecter dans l’ennemi de la république, le caractère honorable d’allié et de serviteur de l’empereur d’Orient.

Alaric est déclaré maître général de l’Illyrie orientale. A. D. 398.

Un philosophe grec, Synèse[2], qui visita Constantinople peu de temps après la mort de Théodose,

  1. Strabon, l. VII, p. 517 ; Pline, Hist. natur., IV, 3 ; Wheeler, p. 308 ; Chandler, p. 275. Ils mesurèrent de différens points l’intervalle des deux côtes.
  2. Synèse passa trois ans (A. D. 397-400) à Constantinople, comme député de Cyrène à l’empereur Arcadius. Il lui présenta une couronne d’or, et prononça devant lui ce discours instructif. (De regno, p. 1-32, édit. de Pétau, 1612.) Le philosophe fut fait évêque de Ptolémaïs (A. D. 410), et mourut à peu près en 430. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. XII, p. 499-554, 683-685.