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sa correspondance criminelle ; et les ennemis de la nation, soit par reconnaissance ou par politique, exceptaient avec attention de la dévastation générale les domaines de ce ministre détesté. Les Goths, au lieu d’obéir aveuglément aux passions violentes de leurs différens chefs, se laissaient diriger par le génie adroit et profond d’Alaric. Ce général célèbre descendait de la noble race des Balti[1], qui ne le cédait qu’à l’illustration royale des Amali. Il avait sollicité le commandement des armées romaines ; irrité du refus de la cour impériale, il résolut de lui faire sentir son imprudence et la perte qu’elle avait faite. Quelque espérance qu’eût pu concevoir Alaric de se rendre maître de Constantinople, ce judicieux général abandonna bientôt une entreprise impraticable. Au milieu d’une cour divisée et d’un peuple mécontent, l’empereur Arcadius tremblait à la vue d’une armée de Goths ; mais les fortifications de la ville suppléaient au manque de valeur et de génie. Du côté de la terre et de la mer, la capitale pouvait

  1. Baltha ou Bold, Origo mirifica, dit Jornandès, c. 29. Cette race illustre fut long-temps célèbre en France, dans la province gothique de Septimanie ou Languedoc, sous la dénomination corrompue de Baux ; et une branche de cette famille forma depuis un établissement dans le royaume de Naples. (Grotius, in Prolegom. ad Hist. Gothic., p. 53.) Les seigneurs de Baux, près d’Arles, et de soixante-dix terres qui en relevaient, étaient indépendans des comtes de Provence. (Longuerue, Description de la France, t. I, p. 357.)