CHAPITRE XXX.
Révolte des Goths. A. D. 395.
Si les sujets de Rome avaient pu ignorer ce qu’ils devaient au grand Théodose, la mort de cet empereur leur aurait bientôt appris avec combien de peines, de courage et d’intelligence, il était parvenu à soutenir l’édifice chancelant de la république. Il cessa de vivre au mois de janvier ; et avant la fin de l’hiver de la même année, toute la nation des Goths avait pris les armes[1]. Les auxiliaires barbares déployèrent leur étendard indépendant, et avouèrent hautement les hostiles desseins nourris depuis long-temps dans ces esprits féroces. Au premier bruit de la trompette, leurs compatriotes, que le dernier traité condamnait à vivre en paix de leurs travaux rustiques, abandonnèrent leurs cultures, et reprirent leur épée qu’ils avaient posée avec répugnance. Les barrières du Danube furent forcées, les sauvages guerriers de la Scythie sortirent de leurs forêts, et l’extrême rigueur de l’hiver donna occa-