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la Germanie[1] ; mais le More qui commandait les légions d’Honorius, connaissait trop bien le caractère et les usages de ses compatriotes, pour craindre une multitude confuse de Barbares presque nus, dont le bras gauche, au lieu de bouclier, n’était couvert que d’un manteau, qui se trouvaient totalement désarmés dès qu’ils avaient lancé le javelot qu’ils portaient dans leur main droite, et dont les chevaux n’avaient jamais appris à supporter le frein ni à suivre les mouvemens de la bride. Il campa avec ses cinq mille vétérans devant la nombreuse armée de ses ennemis ; et après avoir laissé reposer ses soldats pendant trois jours, il donna le signal d’une bataille générale[2]. Mascezel s’étant avancé au-devant de ses légions pour offrir le pardon et la paix, rencontra un porte-étendard des Africains qui refusa de se soumettre à lui. Le général le frappa sur le bras de son épée, la force du coup abaissa le bras et l’étendard, et cet acte de soumission imaginaire fut imité à l’instant par tous les porte-drapeaux de la ligne. Les cohortes mal affectionnées procla-

  1. Orose est le seul garant de la vérité de ce récit. Claudien (I cons. Stilich., I, p. 345-355) donne un grand détail de la présomption de Gildon et de la multitude de Barbares qu’il avait sous ses drapeaux.
  2. Saint Ambroise, mort environ un an avant, révéla, dans une vision, le temps et le lieu de la victoire. Mascezel raconta depuis son rêve à saint Paulin, premier biographe du saint, et par qui il peut facilement être venu à la connaissance d’Orose.