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comme l’Italie exigeait sa présence, comme il était dangereux de dégarnir les frontières, il jugea plus à propos que Mascezel tentât d’abord cette entreprise hasardeuse, à la tête d’un corps choisi de vétérans gaulois qui avaient servi sous les étendards d’Eugène. Ces troupes, que l’on exhorta à prouver au monde qu’elles savaient aussi bien renverser le trône d’un usurpateur que le défendre, étaient composées des légions Jovienne, Herculienne et Augustienne, des auxiliaires Nerviens, des soldats qui portaient pour symbole un lion sur leurs drapeaux, et des troupes distinguées par les noms de fortunée et d’invincible. Mais telle était la formation de ces différens corps ou la difficulté de les recruter, que ces sept troupes, d’un rang et d’une réputation distingués dans les armées romaines[1], ne montaient qu’à cinq mille hommes effectifs[2]. Les galères et les bâtimens de transport sortirent par un temps orageux du port de Pise en Toscane, et gouvernèrent

  1. Claudien, bell. Gildon., 415-423. La nouvelle discipline leur permettait de se servir indifféremment des noms de legio, cohors, manipulus. (Voyez la Notitia imperii, s. 38-40.)
  2. Orose (l. VII, c. 36, p. 565) met dans ce récit l’expression du doute (ut aiunt), ce qui est peu conforme au δυναμεις αδρας de Zosime (l. V, p. 303). Cependant, Claudien, après un peu de déclamation relative aux soldats de Cadmus, avoue naïvement que Stilichon n’envoya qu’une faible armée, de peur que le rebelle ne prît la fuite, ne timere timeas (I cons. Stilich., l. I, 314, etc.).