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guerre d’Afrique, les greniers de Rome furent toujours pleins ; sa dignité fut délivrée d’une dépendance humiliante[1], et le spectacle d’une heureuse abondance dissipa l’inquiétude de ses nombreux habitans.

Guerre d’Afrique. A. D. 398.

Stilichon confia la cause de Rome et la guerre d’Afrique à un général actif et animé du désir de venger sur le tyran des injures personnelles. L’esprit de discorde qui régnait dans la maison de Nabal, avait excité une querelle violente entre deux de ses fils, Gildon et Mascezel[2]. L’usurpateur avait poursuivi avec une fureur implacable la vie de son frère puîné, dont il redoutait le courage et les talens ; Mascezel, sans défense contre un pouvoir supérieur, avait cherché un refuge à la cour de Milan, d’où il apprit bientôt la mort de ses deux jeunes enfans, que leur oncle avait impitoyablement massacrés. L’affliction paternelle fut suspendue par la soif de la vengeance. Le vigilant Stilichon rassemblait déjà les forces maritimes et militaires de l’Occident, résolu, si Gildon se montrait en état de soutenir et de balancer la fortune, de marcher contre lui en personne. Mais

  1. Voyez Claudien, in Eutrop.,. l. I, 401, etc. ; I consul. Stilich., l. I, 306, etc. ; II cons. Stilich., 91, etc.
  2. Il était d’un àge mûr, puisqu’il avait précédemment servi (A. D. 373) contre son frère Firmus (Amm. XXIX, 5). Claudien, qui connaissait l’esprit de la cour de Milan, appuie plus sur les torts de Mascezel que sur son mérite (De bell. Gildon., 389-414). Cette guerre moresque n’était digne ni d’Honorius ni de Stilichon, etc.