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triotes[1]. Les Italiens affectaient de mépriser les Grecs efféminés de Byzance, qui prétendaient imiter l’habillement et usurper la dignité des sénateurs romains[2], et les Grecs conservaient encore une partie de la haine dédaigneuse que leurs ancêtres policés avaient nourrie si long-temps contre les habitans grossiers de l’Occident. La distinction de deux Gouvernemens qui sépara bientôt tout-à-fait les deux nations, m’autorise à suspendre un moment le cours de l’histoire de Byzance, pour suivre sans interruption le règne honteux, mais mémorable, de l’empereur Honorius.

Révolte de Gildon en Afrique. A. D. 386-398.

Le prudent Stilichon, au lieu de persister à contraindre l’inclination du prince et des peuples qui rejetaient son gouvernement, abandonna sagement Arcadius à ses indignes favoris ; et sa répugnance à entraîner les deux empires dans une guerre civile, prouva la modération d’un ministre qui avait signalé si souvent sa valeur et ses talens militaires. Mais si Stilichon eût souffert plus long-temps la révolte

  1. Voyez Claudien (I cons. Stilich., l. I, 275, 292, 296 ; l. II, 83) ; et Zosime (l. V, p. 302).
  2. Le consulat de l’eunuque Eutrope fait faire à Claudien une réflexion sur l’avilissement de la nation.

    … Plaudentem cerne senatum
    Et Byzantinos proceres, Graiosque Quirites.
    O patribus plebes, ô digni consule patres.

    Les premiers symptômes de jalousie et de schisme entre l’ancienne et la nouvelle Rome, entre les Grecs et les Latins, méritent l’attention d’un observateur.