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père, officier de cavalerie barbare au service de Valens, semble confirmer l’opinion que Stilichon, qui commanda si long-temps les armées romaines, descendait de la race sauvage et perfide des Vandales[1]. Si ce général n’eût pas possédé les avantages de la taille et de la force, toute l’adulation de la poésie n’aurait pas donné au chantre de Stilichon le courage d’affirmer sans crainte, devant des milliers de témoins, qu’il surpassait la taille des demi-dieux de l’antiquité, et que quand il traversait à pas lents les rues de la capitale, le peuple étonné faisait place à un étranger qui, dans la condition d’un simple particulier, présentait la majesté imposante d’un héros. Dès sa plus tendre jeunesse, il avait embrassé la profession des armes. Sa valeur et son habileté se firent bientôt remarquer sur le champ de bataille. Les cavaliers et les archers de l’Orient admiraient la supériorité de son adresse ; et à chaque grade militaire où il fut élevé, le jugement du public prévint et approuva le choix du souverain. Théodose le chargea de la ratification d’un traité avec le roi de Perse. Dans cette ambassade importante, il soutint la dignité du nom romain, et après son retour à Constantinople, il obtint pour récompense l’honneur d’une étroite alliance avec la famille impériale. Le sentiment respectable de l’amitié fraternelle avait

  1. Vandalorum imbellis, avaræ, perfidæ, et dolosæ gentis, genere editus. Orose, l. VII, c. 38 ; Saint Jérôme (t. I, ad Gerontiam, p. 93) l’appelle un demi-barbare.