L’absence, et bientôt après la mort de ce grand prince, confirmèrent l’autorité absolue de Rufin sur la personne et sur les états d’Arcadius, prince faible et sans expérience, que l’orgueilleux préfet regardait plutôt comme son pupille que comme son souverain. Indifférent pour l’opinion publique, il se livra dès lors à ses passions sans remords et sans résistance ; son cœur avide et pervers était inaccessible aux passions qui auraient pu contribuer à sa propre gloire ou au bonheur des citoyens. L’avarice semble avoir été le besoin dominant de cette âme corrompue[1] : des taxes oppressives, une vénalité scandaleuse, des amendes immodérées, des confiscations injustes, de faux testamens, au moyen desquels il dépouillait de leur héritage les enfans de ses ennemis, ou même de ceux qui n’avaient point mérité sa haine ; enfin tous les moyens, soit généraux, soit particuliers, que peut inventer la rapacité d’un tyran, furent em-
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… Fluctibus auri
Expleri ille calor nequit…
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Congestæ cumulantur opes, orbisque rapinas
Accipit una domus…Ce caractère (Claudien, in Rufin., I, 184-220) est confirmé par saint Jérôme, témoin désintéressé (Dedecus insatiabilis avaritiæ, t. I, ad Heliodor., p. 26), par Zosime (l. V, p. 286) et par Suidas, qui a copié l’histoire d’Eunape.
inutiles du prince ou de ses ministres. Cette triste réflexion pourrait être, je le crains bien, une sûre règle de critique.