Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/400

Cette page a été validée par deux contributeurs.

saint Pierre et saint Paul, et sanctifiée par les prières et la pénitence continuelles d’une communauté de moines. On convoqua un synode nombreux et presque général des évêques de l’Orient, pour célébrer en même temps la dédicace de l’église et le baptême du fondateur. La plus grande pompe régna dans cette double cérémonie ; et lorsque les eaux saintes eurent purifié Rufin de tous les péchés qu’il avait pu commettre jusqu’alors, un vénérable ermite d’Égypte se présenta imprudemment pour la caution d’un ministre plein d’orgueil et d’ambition[1].

Il opprime l’Orient. A. D. 395.

Le caractère du vertueux Théodose imposait à son ministre la nécessité de l’hypocrisie, qui déguisait souvent et retenait quelquefois l’abus de la puissance. Rufin se gardait de troubler le sommeil d’un prince indolent, mais encore capable d’exercer les talens et les vertus qui l’avaient élevé à l’empire[2].

  1. Ammonius… Rufinum propriis manibus suscepit sacro fonte mundatum. Voyez Rosweyde, Vitæ Patrum, p. 947. Sozomène (l. VIII, c. 17) parle de l’église et du monastère ; et Tillemont (Mémoires ecclésiastiques, t. IX, p. 593) cite ce synode dans lequel saint Grégoire de Nice joue un grand rôle.
  2. Montesquieu (Esprit des Lois, l. XII, c. 12) fait l’éloge d’une des lois de Théodose adressée au préfet Rufin (l. IX, tit. 4, leg. unic.), dont le but est de ralentir les poursuites intentées pour cause de discours attentatoires à la religion ou à la majesté du prince. Une loi tyrannique prouve toujours l’existence de la tyrannie ; mais un édit louable peut ne contenir que les protestations spécieuses et les vœux