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préfets peut trouver une excuse peut-être dans les fautes ou les torts de leur conduite ; l’esprit jaloux de l’ambition peut pallier la haine de leur persécuteur ; mais Rufin poussa la vengeance à un excès aussi contraire à la prudence qu’à l’équité, en dégradant la Lycie, leur patrie, du rang de province romaine, en imprimant une tache d’ignominie sur un peuple innocent, et en déclarant les compatriotes de Tatien et de Proculus incapables à jamais d’occuper un emploi avantageux ou honorable dans le gouvernement de l’empire[1]. Le nouveau préfet de l’Orient, car Rufin succéda immédiatement aux honneurs de son rival abattu, ne fut jamais détourné par ses plus criminelles entreprises des pratiques de dévotion qui passaient alors pour indispensables au salut. Il avait bâti dans un faubourg de Chalcédoine, surnommé le Chêne, une magnifique maison de campagne, à laquelle il joignit pieusement une superbe église, consacrée aux apôtres

    mais ses traducteurs classiques n’avaient aucune connaissance du quatrième siècle. J’ai trouvé le fatal cordon avec le secours de Tillemont, dans un sermon de saint Asterius d’Amasée.

  1. Cette loi odieuse est rapportée et révoquée par Arcadius (A. D. 396) dans le Code de Théodose (l. IX, tit. 38, leg. 9). Le sens, tel que Claudien l’explique (in Rufin, I, 234) et Godefroy (t. III, p. 279), est parfaitement clair.

    …Exscindere cives
    Funditùs, et nomen gentis delere laborat.

    Les doutes de Pagi et de Tillemont ne peuvent naître que de leur zèle pour la gloire de Théodose.