Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/375

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Libanius donne des louanges à la modération d’un prince absolu qui ne contraignit jamais ses sujets par une loi positive à embrasser la religion de leur souverain[1]. Il n’était pas indispensablement nécessaire de professer le christianisme pour jouir des droits de la société civile ; il n’y avait point de punition particulière prononcée contre ceux dont la crédulité adoptait les fables d’Ovide, et rejetait obstinément les miracles de l’Évangile. Un grand nombre de païens zélés et déclarés occupaient des places dans le palais, dans les écoles, dans les armées et dans le sénat ; ils obtenaient sans distinction tous les honneurs civils et militaires de l’empire. Théodose témoigna sa généreuse estime pour le génie et pour la vertu, en décorant Symmaque[2] de la dignité consulaire, et par son attachement particulier pour Libanius[3]. L’empereur n’exigea jamais de ces deux

  1. Libanius suggère la forme d’un édit de persécution que Théodose aurait pu publier (pro Templis, p. 32). La plaisanterie était imprudente et l’essai dangereux : quelques princes auraient été capables de profiter de l’avis.
  2. Denique pro meritis terrestribus æque rependens
    Munera, sacricolis summos impertit honores.

    Ipse magistratum tibi consulis, ipse tribunal
    Contulit.

        Prudence, dans Symmaque, I, 617, etc.

  3. Libanius (pro Templis, p. 32) se félicite de ce que l’empereur Théodose a revêtu de cette dignité un homme qui ne craignait pas de jurer par Jupiter en présence de son pieux souverain. Cependant sa présence n’est probablement qu’une figure de rhétorique.