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monies païennes qui pouvaient paraître moins cruelles et moins odieuses, comme injurieuses à l’honneur de la seule et véritable religion. L’édit défend nommément les luminaires, les guirlandes, les encensemens, les libations de vin, et comprend dans l’arrêt de proscription jusqu’au culte des génies domestiques et des dieux pénates. Celui qui se rendait coupable de quelqu’une de ces cérémonies profanes, perdait la propriété de la maison ou du terrain où elle avait été exécutée ; et si, pour éluder la confiscation, il faisait de la propriété d’un autre le théâtre de son impiété, l’édit le condamnait à payer sur-le-champ une amende de vingt-cinq livres d’or, environ mille livres sterling. Il punissait par la même amende la connivence des ennemis secrets de la religion, qui se rendaient coupables de négligence dans le devoir qui leur était imposé selon la différence de leur situation, de révéler ou de punir le crime de l’idolâtrie. Tel était l’esprit persécuteur des lois de Théodose, que ses fils et ses petits-fils exercèrent souvent avec rigueur et avec les applaudissemens unanimes du monde chrétien[1].

Le paganisme persécuté.

Sous les règnes sanguinaires de Dèce et de Dioclétien, le christianisme avait été proscrit comme

  1. On ne doit pas hasarder légèrement une pareille accusation ; mais elle paraît suffisamment fondée sur l’autorité de saint Augustin, qui s’adresse ainsi aux donatistes : Quis nostrûm, quis vestrûm non laudat leges ab imperatoribus datas adversus sacrificia paganorum ? Et certè longé ibi pœna severior constituta est ; illius quippe impietatis capi-