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dinaires du despotisme et de la révolte. Mais on regarda comme le symptôme funeste de la colère du ciel ou de la dépravation des hommes[1], les recherches rigoureuses que Valens et Valentinien firent durant leur règne sur le crime de la magie[2] ; ne craignons pas de nous laisser aller à un noble orgueil en voyant tous les pays éclairés de l’Europe rejeter aujourd’hui un préjugé odieux et cruel, adopté autrefois dans toutes les parties du monde et dans tous les systèmes d’opinions religieuses[3]. Toutes les nations et toutes les sectes de l’Empire Romain admettaient avec la même crédulité et la même horreur la réalité de cet art infernal[4], ca-

  1. Libanius, De ulcisc. Julian. nece, c. 9, p. 158, 159. Le philosophe déplore la frénésie publique ; mais il n’attaque point après leur mort la justice des empereurs.
  2. Les jurisconsultes anglais et français de notre siècle croient à la théorie, mais nient la pratique de la magie. (Denisart, Recueil des Décisions de jurisprudence, au mot sorcier, t. IV, p. 553 ; Comment. de Blackstone, vol. IV, p. 60.) Comme la saine raison devance ou surpasse toujours la sagesse publique, Montesquieu (Esprit des Lois, l. XII, c. 5-6) rejette tout-à-fait l’existence de la magie.
  3. Voyez les Œuvres de Bayle, t. III, p. 567-589. Le sceptique de Rotterdam déploie à ce sujet, selon son ordinaire, un singulier mélange de vivacité, d’esprit et de connaissances mal liées.
  4. Les païens distinguaient la bonne et la mauvaise magie par les dénominations de Théurgique et de Gœtique (Hist. de l’Acad., etc., t. VII, p. 25). Mais ils n’auraient