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nombre et en force à leurs adversaires, prirent les armes à l’instigation du philosophe Olympius[1], qui les exhortait à mourir pour la défense des autels de leurs dieux. Ces païens fanatiques se retranchèrent dans le temple ou plutôt dans la forteresse de Sérapis, repoussèrent les assiégeans par d’audacieuses sorties, par une défense vigoureuse, et jouirent au moins dans leur désespoir de la consolation d’exercer sur leurs prisonniers chrétiens les plus horribles cruautés. Les efforts prudens des magistrats obtinrent enfin une trêve jusqu’au moment où les ordres de Théodose auraient décidé du destin de Sérapis. Les deux partis s’assemblèrent sans armes dans la place principale de la ville, où l’on lut à haute voix le mandat de l’empereur. Dès que la sentence de destruction fut prononcée contre les idoles d’Alexandrie, les chrétiens firent entendre un cri de joie et de triomphe, tandis que gardant un profond silence les malheureux païens, dont la fureur s’était changée en consternation, se retirèrent précipitamment pour échapper par la fuite ou par leur obscurité aux effets du ressentiment de leurs ennemis. Théophile exécuta la démolition du temple, sans autre difficulté que celles que lui opposèrent le poids et la solidité des matériaux ; mais cet obstacle

  1. Lardner (Témoignages des Païens, vol. IV, p. 411) a allégué un fort beau passage tiré de Suidas, ou plutôt de Damascius, qui représente le vertueux Olympius, non sous les traits d’un guerrier, mais sous ceux d’un prophète.