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blancs, salua avec tendresse les soldats de Procope, en les appelant ses enfans et ses compagnons ; il les exhorta à ne pas partager plus long-temps le crime d’un usurpateur méprisable ; et à se réunir au vieux général qui les avait si souvent conduits à l’honneur et à la victoire. Les troupes du malheureux Procope, séduites par les conseils et par l’exemple de leurs perfides officiers, l’abandonnèrent dans les deux combats de Thyatire[1] et de Nacosie. Après avoir erré quelque temps dans les bois et les montagnes de Phrygie, il fut trahi par ses compagnons découragés, qui le traînèrent dans le camp impérial, où on lui abattit sur-le-champ la tête. Procope partagea le sort ordinaire des usurpateurs vaincus ; mais les horribles cruautés que son vainqueur exerça sous les formes de la justice firent naître dans tous les cœurs l’indignation et la pitié[2].

Recherches sévères du crime de magie à Rome et à Antioche. A. D. 373, etc.

Telles sont à la vérité les suites naturelles et or-

  1. Ammien place le champ de bataille en Lycie, et Zosime à Thyatire, ce qui fait une différence de cent cinquante milles. Mais Thyatire alluitur Lyco ; Pline, Hist. nat., V, 31 ; Cellarius, Géogr. antiq., tom. II, p. 79, et les copistes ont pu convertir une petite rivière en une grande province.
  2. Les aventures, l’usurpation et la chute de Procope, sont racontées en ordre par Ammien (XXVI, 6, 7, 8, 9, 10) ; et par Zosime (l. IV, p. 203-210). Ils servent à s’éclaircir mutuellement, et se trouvent rarement en contradiction. Themistius (orat. 7, p. 91, 92) ajoute quelques louanges serviles, et Eunape quelques satires malignes (p. 83, 84).