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excitaient la furie. Saint Martin, évêque de Tours[1], parcourait la Gaule à la tête de ses moines, et détruisait les idoles, les temples et les arbres consacrés, dans toute l’étendue de son vaste diocèse. En Syrie, l’excellent, le divin évêque Marcellus[2], ainsi que l’appelle Théodoret, animé d’un zèle apostolique, résolut de raser tous les temples du diocèse d’Apamée. La solidité de celui de Jupiter, et l’art avec lequel il était construit, résistèrent d’abord aux attaques de Marcellus. Ce temple situé sur une éminence, avait quatre façades, soutenues chacune par quinze colonnes massives, de seize pieds de circonférence, et toutes les pierres qui les composaient étaient fortement ensemble agrafées avec du fer et du plomb. Inutilement essaya-t-on contre cette construction les outils les plus forts et les plus tranchans, il fallut miner les fondemens des colonnes, qui s’écroulèrent enfin lorsque le feu eut consumé les étançons qui avaient servi à soutenir le travail de la mine. Les difficultés de cette entreprise sont décrites sous l’allégorie d’un malin démon, qui, ne pouvant en empêcher le suc-

  1. Voyez la Vie de saint Martin, par Sulpice-Sévère, c. 9-14. Le saint se trompa une fois comme l’aurait pu faire Don Quichotte, et, prenant un enterrement pour une procession païenne, il se permit imprudemment un miracle.
  2. Comparez Sozomène (l. VII, c. 15) avec Théodoret (l. V, c. 21). Ils racontent entre eux deux la croisade et la mort de Marcellus.