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postérieures tendirent à envelopper généralement dans le crime l’acte d’immolation qui constituait essentiellement la religion des païens. Les temples étaient principalement destinés à célébrer les sacrifices, et le devoir d’un bon prince était d’ôter à ses sujets la dangereuse tentation de transgresser les lois qu’il avait établies. Théodose chargea par une commission spéciale, d’abord Cynegius, préfet du prétoire de l’Orient, et ensuite les comtes Jovius et Gaudentius, deux officiers d’un rang distingué dans l’empire d’Occident, de fermer les temples, d’enlever ou de détruire tous les instrumens de l’idolâtrie, d’abolir les priviléges des prêtres, et de confisquer les terres consacrées, au profit de l’empereur, de l’Église catholique ou de l’armée[1]. On pouvait s’en tenir là et sauver des mains destructrices du fanatisme des édifices magnifiques qui, dépouillés de tout, ne pouvaient plus servir au culte de l’idolâtrie. Une grande partie de ces temples étaient des chefs-d’œuvre de l’architecture grecque, et l’intérêt personnel de l’empereur lui défendait de détruire l’ornement de ses villes, et de diminuer la valeur de ses propriétés. On pouvait laisser subsister ces superbes

    leurs pratiques chez les Grecs et les Romains. (Cicero, De divin., II, 23).

  1. Zosime, l. IV, p. 245-249 ; Théodoret, l. V, c. 21 ; Idatius, in Chron. Prosper. Aquit., l. III, c. 38 ; ap. Baron., Ann. ecclés. (A. D. 389), no 52. Libanius (pro Templis, p. 10) tâche de prouver que les ordres de Théodose n’étaient ni pressans ni positifs.