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pour la suite de son règne ; son âge, qui n’excédait pas cinquante ans, laissait encore la perspective d’une longue félicité, et sa mort arrivée quatre mois après cette victoire, fut reçue comme un malheur inattendu qui détruisait toutes les espérances de la génération naissante. Les jouissances du luxe et l’inaction avaient affaibli la constitution de Théodose[1]; il ne put supporter ce passage subit du repos d’un palais aux fatigues de la guerre, et des symptômes effrayans d’hydropisie annoncèrent qu’on allait bientôt perdre l’empereur. L’intérêt du public avait peut-être confirmé l’opinion de la nécessité du partage de l’empire. Les princes Arcadius et Honorius, que la tendresse de leur père avait déjà revêtus du titre d’Auguste, étaient destinés à occuper les trônes de Rome et de Constantinople. Théodose ne leur avait pas permis de partager la gloire et les dangers de la guerre civile[2] ; mais dès que l’empereur eut triomphé de ses rivaux, Honorius, son second fils, vint

  1. Socrate (l. V, c. 26) impute cette maladie aux fatigues de la guerre ; mais Philostorgius (l. XI, c. 2) la considère comme la suite de la mollesse et de l’intempérance ; ce qui lui vaut de la part de Photius le titre d’impudent menteur (Dissert. de Godefroy, p. 438).
  2. Zosime suppose qu’Honorius, encore enfant, accompagna son père (l. IV, p. 280). Cependant le Quanto flagrabant pectora voto est tout ce que la flatterie a pu permettre à un poète contemporain. Il rapporte clairement le refus de l’empereur, et le voyage d’Honorius après la victoire. (Claudien, in III cons. 78-125.)