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des Francs, avait tenu le second rang dans l’armée de Gratien. À la mort de son maître, il avait passé sous les drapeaux de Théodose, et avait contribué, par sa valeur et par ses talens militaires, à la défaite de Maxime. Après la victoire, l’empereur le nomma maître général des armées de la Gaule. Son mérite réel et sa fidélité apparente avaient gagné la confiance du prince et de ses sujets. Il séduisit les troupes par ses largesses ; et tandis qu’on le regardait comme la colonne de l’état, le rusé Barbare formait secrètement le projet de monter sur le trône de l’Occident ou de le renverser. Les Francs, ses compatriotes, occupaient tous les postes importans dans l’armée ; les créatures d’Arbogaste obtenaient tous les honneurs et tous les emplois du gouvernement civil. Le progrès de la conspiration éloignait tous les sujets fidèles de la présence du jeune empereur ; et Valentinien, sans pouvoir et sans moyen de communication avec qui que ce fut, se trouva insensiblement resserré dans une étroite et dangereuse captivité[1]. L’indignation qu’il en fit paraître n’était peut-être que le résultat de l’imprudente vivacité de la jeunesse ; il est permis cependant de l’attribuer au noble courage d’un prince qui se sentait digne de régner. Il engagea secrètement l’archevêque de Milan à entreprendre le

  1. Saint Grégoire de Tours (l. II, c. 9, p. 165, dans le second volume des historiens de France) a conservé un fragment curieux de Sulpice-Alexandre, historien fort supérieur à saint Grégoire.