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de la politique religieuse, accorda un peu d’indulgence à un pénitent illustre qui humiliait à ses pieds l’orgueil du diadème, et l’édification publique qui résultait d’un tel abaissement était un motif puissant pour abréger la durée de la pénitence. Il suffisait que l’empereur des Romains, dépouillé de toutes les marques de la royauté, se présentât dans l’attitude affligée d’un suppliant, et qu’au milieu de la cathédrale de Milan, ses humbles prières, accompagnées de soupirs et de larmes, sollicitassent la rémission de ses péchés[1]. Saint Ambroise employa sagement, dans cette cure spirituelle, un mélange de douceur et de sévérité. Après un délai d’environ huit mois, Théodose fut admis à la communion des fidèles ; et l’édit qui ordonne de différer de trente jours l’exécution des sentences, doit être regardé comme le fruit salutaire de son repentir[2]. La postérité a applaudi à la pieuse fermeté de l’archevêque, et l’exemple de Théodose démontre l’utilité des principes qui forcèrent un monarque absolu,

  1. La pénitence de Théodose est attestée par saint Ambroise (t. VI, De obitu Theodos., c. 34, p. 1207), saint Augustin (De civit. Dei, V, 26), et Paulin (in vit. sanct. Ambros., c. 24). Socrate n’en est point instruit. Sozomène (l. VII, c. 25) est fort concis, et il faut user avec précaution du récit prolixe de Théodoret (l. V, c. 18}.
  2. Cod. Theodos., l. IX, t. XL, leg. 13. La date et les circonstances de cette loi présentent beaucoup de difficultés ; mais je me sens porté à favoriser les honnêtes efforts de Tillemont, Hist. des empereurs, t. 5, p. 271 ; et de Pagi, Critica, t. I, p. 578.