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buts dus depuis le règne de l’empereur Aurélien. Toutes les circonstances favorisaient les desseins d’un usurpateur. Valens avait été appelé en Syrie par les dispositions hostiles des Persans. Du Danube à l’Euphrate les soldats marchaient de tous côtés, et la capitale était sans cesse remplie de troupes qui passaient ou repassaient le Bosphore. Deux cohortes de Gaulois prêtèrent l’oreille en secret à des propositions que les conspirateurs avaient eu soin d’appuyer de la promesse d’une forte gratification ; et leur vénération pour la mémoire de Julien les fit aisément consentir à défendre les droits de son parent opprimé. Au point du jour, ils se rangèrent en bataille près des bains d’Anastasie ; et Procope, vêtu d’un habit de pourpre, plus convenable à un histrion qu’à un souverain, parut tout à coup, comme s’il se fût élevé du fond du tombeau, au milieu de Constantinople. Les soldats, préparés à le recevoir, saluèrent leur prince tremblant par des cris de joie et des sermens de fidélité. Leur nombre s’accrut d’une bande de vigoureux et grossiers paysans rassemblés dans les villages des environs, et Procope fut successivement conduit, sous leur protection, au tribunal, au sénat et au palais impérial. Durant les premiers instans de ce règne tumultueux, le morne silence des citoyens surprit et effraya l’usurpateur. Ils ignoraient la cause du tumulte, ou ils en craignaient l’événement. Mais la force militaire de Procope était supérieure à tout ce qu’on pouvait lui opposer dans le moment. Les mécontens accou-