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arriva sans accident à Aquilée ; mais les fortifications ne lui parurent pas capables de la rassurer. Elle craignit un siége, et résolut d’aller implorer la protection du grand Théodose, dont on célébrait la puissance et les vertus dans toutes les provinces de l’Occident. Elle fit approvisionner en secret un vaisseau pour transporter la famille impériale, s’embarqua précipitamment dans un petit port de la province des Vénètes ou de l’Istrie, traversa toute l’étendue de la mer Adriatique et de la mer d’Ionie, doubla le promontoire du Péloponnèse, et après une longue mais heureuse navigation se trouva enfin en sûreté dans le port de Thessalonique. [Fuite de Valentinien.]Tous les sujets de Valentinien abandonnèrent le parti d’un prince dont l’abdication les dispensait de la fidélité ; et sans la résistance d’Émone, petite ville sur les confins de l’Italie qui essaya d’arrêter le cours de ses victoires si peu glorieuses, Maxime aurait conquis tout l’empire d’Occident sans tirer l’épée.

Théodose arme pour secourir Valentinien. A. D. 387.

Au lieu d’inviter ses augustes hôtes à venir le joindre à Constantinople, Théodose fixa, par quelques motifs secrets, leur résidence à Thessalonique. Ce ne fut ni par mépris ni par indifférence, puisqu’il se hâta de les y aller trouver, suivi de la plus grande partie de sa cour et du sénat. Après les avoir tendrement assurés de son intérêt et de son attachement, le pieux Théodose avertit, avec douceur, l’impératrice que le crime d’hérésie était quelquefois puni dans ce monde aussi-bien que dans l’autre, et