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indécemment à la cause de l’empereur des comparaisons tirées du caractère d’Ève, de la femme de Job, de Jésabel et d’Hérodias ; et il assimilait la demande d’une église pour les ariens aux plus cruelles persécutions que les chrétiens eussent endurées sous le règne du paganisme. Les mesures de la cour ne servirent qu’à faire connaître toute l’étendue du mal. On imposa une amende de deux cents livres d’or sur les communautés des marchands et des manufacturiers ; on ordonna, au nom de l’empereur, à tous les officiers et aux suppôts inférieurs de la justice, de rester renfermés dans leurs maisons jusqu’à la fin des troubles de la capitale ; et les ministres de Valentinien eurent l’imprudence d’avouer publiquement que les citoyens les plus respectables de Milan étaient attachés au parti de l’archevêque. On le sollicita une seconde fois de rendre la paix à son pays, en se soumettant, tandis qu’il le pouvait encore, aux volontés de son souverain : saint Ambroise fit sa réponse en termes humbles et respectueux, mais qu’on pouvait regarder comme une déclaration de guerre civile. Elle portait : « Que l’empereur pouvait disposer de son sort et de sa vie ; mais qu’il ne trahirait jamais l’Église de Jésus-Christ ; qu’il ne dégraderait point la dignité du caractère épiscopal ; que, pour cette cause, il était prêt à souffrir tous les supplices que la malice du démon pourrait accumuler sur lui, et qu’il ne désirait que de mourir en présence de son fidèle troupeau et sur les marches des autels ; qu’il n’avait pas contribué à exciter la fureur du peuple, mais