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vêque dans son conseil quelques jours avant la fête de Pâques, pendant laquelle elle désirait faire publiquement ses dévotions. Saint Ambroise obéit avec tout le respect d’un sujet fidèle ; mais le peuple l’avait suivi sans son aveu, et se pressait impétueusement autour des portes du palais. La frayeur saisit les ministres de Valentinien ; au lieu d’une sentence d’exil contre l’archevêque, ils le supplièrent d’interposer son autorité pour protéger le souverain et rendre la tranquillité à la capitale. Mais les promesses que l’on fit à saint Ambroise, et qu’il communiqua aux citoyens, furent bientôt violées par une cour perfide, et tous les désordres du fanatisme régnèrent dans la capitale durant les six jours solennels que la piété chrétienne a destinés aux cérémonies de la dévotion. Les officiers du palais préparèrent d’abord la basilique Porcienne, et ensuite la nouvelle basilique pour la réception de l’empereur et de la princesse sa mère, et y arrangèrent, à la manière accoutumée, le dais brillant et tous les ornemens du trône impérial ; mais il fallut les faire accompagner d’une forte garde militaire, pour éviter les insultes de la populace. Les ecclésiastiques ariens qui hasardaient de paraître dans les rues couraient risque de la vie, et saint Ambroise eut le mérite et la gloire de sauver ses ennemis personnels des mains d’une multitude en fureur.

Mais tandis qu’il tâchait de s’opposer à ces effets du zèle religieux, la véhémence pathétique de ses sermons continuait à enflammer les dispositions violentes et séditieuses du peuple de Milan. Il appliquait