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cillien, qui avait couru le monde accompagné de ses sœurs spirituelles, fut accusé de prêcher entièrement nu au milieu de sa congrégation ; et d’autres ajoutaient qu’il avait détruit, par des moyens odieux et punissables, les fruits de son commerce criminel avec la fille d’Euchrocia. Mais un examen approfondi, ou plutôt impartial, prouvera que, si les prescillianistes violèrent les lois de la nature, ce ne fut pas par la licence, mais par l’austérité de leur vie. Ils condamnaient absolument l’intimité du lit nuptial, et il en résultait des séparations indiscrètes qui troublaient la paix des familles. Ils ordonnaient ou recommandaient l’abstinence totale de la chair des animaux, et leurs prières continuelles, leurs jeûnes et leurs vigiles composaient une règle de dévotion pure et sévère. Ils avaient puisé dans le système des gnostiques et des manichéens leurs opinions relativement à la personne du Fils de Dieu et à la nature de l’âme. Cette vaine philosophie, transportée d’Égypte en Espagne, ne convenait guère aux esprits des Occidentaux, moins subtils que ceux de l’Orient. Les disciples obscurs de Priscillien souffrirent, languirent et disparurent insensiblement. Le peuple et le clergé rejetèrent ses préceptes ; mais sa mort entraîna une longue et violente controverse. Les uns applaudissaient à l’équité de sa sentence, et les autres la regardaient comme une injustice tyrannique. C’est avec plaisir

    ner réfute avec force, font naître des soupçons en faveur des anciens gnostiques.