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avait moins le dessein de punir que de corriger ou d’effrayer des sujets opiniâtres[1].

Exécution de Priscillien et de ses associés. A. D. 385.

La théorie de la persécution fut établie par Théodose, dont les saints de l’Église ont loué la justice et la piété ; mais il était réservé à Maxime, son collègue et son rival, d’en exercer la pratique dans toute son étendue, et d’être le premier des empereurs chrétiens qui versèrent, pour des opinions religieuses, le sang de leurs sujets chrétiens. On transféra, par appel du synode de Bordeaux au consistoire impérial de Trèves, la cause des priscillianistes[2], nouvelle secte d’hérétiques qui troublaient la tranquillité des provinces de l’Espagne. La sentence du préfet du prétoire condamna sept personnes à la torture et à la mort. On exécuta d’abord Priscillien[3], évêque d’Avila en Espa-

  1. Sozomène, l. VII, c. 12.
  2. Voyez l’Hist. Sacrée de Sulpice-Sévère (l. II, p. 437-452, éd. Lugd. Bat. 1647), auteur exact et original ; Crédibilité de la Religion chrétienne, par le docteur Lardner (part. II, vol. IX, p. 256-350). Il a traité cet article avec érudition, jugement et modération. Tillemont (Mém. ecclés., t. VIII, p. 491-527) a rassemblé en un monceau tout le fumier des Pères ; excellent balayeur !
  3. Sulpice parle de l’archi-hérétique avec estime et compassion : Félix profectò, si non pravo studio corrupisset optimum ingenium ! Prorsùs multa in eo animi et corporis bona cerneres. (Hist. Sacra, l. II, p. 439) Saint Jérôme lui-même (t. I, in Script. eccles., p. 302) parle avec modération de Priscillien et de Latronien.