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Mais ce saint, qui n’était point encore dépouillé de toutes les faiblesses de l’humanité, vit avec douleur que son entrée dans le sacré bercail ressemblait plus à celle d’un loup qu’à celle d’un pasteur ; qu’il ne devait la sûreté de sa vie qu’à l’éclat des armes qui l’environnaient, et qu’il était personnellement l’objet des imprécations d’un parti nombreux de sectaires, qui, comme hommes et comme citoyens, ne pouvaient lui paraître méprisables. Les rues, les fenêtres, et jusqu’aux toits des maisons, étaient couverts d’une multitude des deux sexes et de tous les âges. On n’entendait de tous côtés que des cris d’étonnement, de fureur et de désespoir ; enfin, saint Grégoire avoue de bonne foi qu’au jour mémorable de son installation, la capitale de l’Orient offrait le spectacle affreux d’une ville prise d’assaut par une armée de Barbares[1]. Environ six semaines après, Théodose annonça la résolution d’expulser de toutes les églises de son royaume les évêques et les ecclésiastiques qui refuseraient de croire, ou du moins de professer la doctrine du concile de Nicée. Il chargea de cette commission Sapor, son lieutenant, qui, armé de tous les pouvoirs que pouvaient lui donner une loi générale et une commission spéciale, et suivi

  1. Voyez saint Grégoire de Nazianze, t. II, De vitâ suâ, p. 21, 22. Pour l’édification de la postérité, le prélat raconte un étonnant prodige : au mois de novembre, le ciel était nébuleux dans la matinée ; mais le soleil perça les nuages, et le ciel s’éclaircit lorsque la procession entra dans l’église.