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de sourdes pratiques avec quelques évêques d’Égypte, il tâcha, au moyen d’une ordination clandestine, de supplanter son protecteur, et d’obtenir le siége épiscopal de Constantinople. Ces mortifications pouvaient bien faire regretter quelquefois au missionnaire de Cappadoce sa solitude obscure et paisible ; mais il oubliait ses peines en voyant augmenter tous les jours l’éclat de sa gloire et le nombre de sa congrégation ; il observait avec satisfaction que la plus grande partie de ceux qui composaient son nombreux auditoire, frappés de son éloquence[1], se retiraient convaincus de l’irrégularité de leurs pratiques et de leurs principes religieux[2].

Ruine de l’arianisme à Constantinople. A. D. 380, 26 novemb.

Le baptême et l’édit de Théodose remplirent d’une heureuse confiance les catholiques de Constantinople, et ils attendirent avec impatience l’effet de ses favorables promesses. Leur espoir ne tarda point à se réaliser : dès que l’empereur eut terminé les opérations de la campagne, il fit son entrée publique dans la capitale, à la tête de son armée victorieuse. Le lendemain de son arrivée, il manda Damophile, et

  1. Sous l’emblème modeste d’un songe, saint Grégoire (t. II, chant 9, p. 78) décrit, avec une complaisance un peu mondaine, les succès qu’il avait obtenus ; cependant ses conversations familières avec saint Jérôme, un de ses auditeurs (t. I, épit. à Népotien, p. 14), donnent lieu de penser que le prédicateur savait apprécier les applaudissemens du peuple à leur juste valeur.
  2. Lacrymæ auditorum laudes tuæ sint. C’est le conseil sage et expressif de saint Jérôme.