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de son bienfaiteur avant qu’il lui fût possible de marcher à son secours. Le temps destiné aux regrets sincères, à la douleur ou à l’étiquette du deuil, n’était point encore expiré lorsqu’on vit arriver le premier chambellan de Maxime ; et le choix d’un vieillard vénérable pour un poste ordinairement occupé par un eunuque annonça à Constantinople les mœurs graves et sévères de l’usurpateur. L’ambassadeur daigna justifier ou excuser la conduite de son maître, et protester, dans un langage spécieux, que le meurtre de Gratien avait été commis à son insu et contre son intention, par le zèle indiscret des soldats ; mais il ajouta d’un ton ferme et tranquille, que Maxime offrait à Théodose le choix de la paix ou de la guerre ; et il acheva son discours en déclarant que quoique son maître préférât, comme Romain et comme père de ses sujets, d’employer ses forces militaires à la défense commune, il était cependant prêt à disputer l’empire dans une bataille décisive, si Théodose rejetait ses propositions de paix et d’amitié. Maxime exigeait une réponse prompte et claire ; mais dans cette circonstance, il était difficile à Théodose de satisfaire les sentimens de son âme ou l’attente du public. La voix de la reconnaissance et de l’honneur criait vengeance. Il devait le diadème à la libéralité de Gratien ; la patience de Théodose pouvait faire présumer qu’il serait plus sensible aux anciennes injures qu’aux services récens ; mais accepter l’amitié d’un assassin