CHAPITRE XXVII.
Caractère et conduite de l’empereur Gratien. A. D. 379-383.
Avant d’avoir accompli sa vingtième année, Gratien jouissait d’une réputation égale à celle des princes les plus célèbres. Sa douceur et sa bonté le rendaient cher à ses amis ; une affabilité remplie de grâce lui avait gagné l’affection du peuple ; les gens de lettres qui jouissaient de ses libéralités célébraient son goût et son éloquence. Les soldats applaudissaient à sa valeur et à son adresse dans tous les exercices militaires, et le clergé regardait l’humble piété de Gratien comme la première et la plus utile de ses vertus. La victoire de Colmar avait délivré l’Occident d’une invasion formidable, et les provinces reconnaissantes de l’Orient rapportaient tout le mérite de Théodose à celui qui, en l’élevant sur le trône, avait été le premier auteur du salut de l’empire. Gratien ne survécut que quatre ou cinq ans à des événemens mémorables, mais il survécut à sa gloire, et quand il tomba victime de la rébellion, il avait déjà perdu en grande partie le respect et la confiance du monde romain.
Défauts de Gratien.
On ne peut attribuer le changement remarquable qui s’opéra dans sa conduite et son caractère, ni aux