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impériale avec la confiance d’un ami et la magnificence d’un empereur. Le prince barbare examinait avec attention tous les objets qui frappaient ses regards, et rompant enfin le silence par une vive et sincère expression de son étonnement : « Je vois aujourd’hui, dit-il, ce que je n’avais jamais pu croire de l’éclat de cette étonnante capitale. » Il admirait successivement la position de la ville, la force de ses murs, la beauté des édifices publics, la vaste étendue de son port rempli de vaisseaux innombrables, le concours de toutes les nations, les armes et la discipline des troupes. « Un empereur romain, ajouta Athanaric, est un dieu sur terre, et le mortel présomptueux qui ose l’attaquer, devient homicide de lui-même. »[1] Le roi des Goths ne jouit pas long-temps de cette brillante et honorable réception ; et comme la sobriété n’était point une des vertus de sa nation, on peut soupçonner que la maladie dont il mourut fut la suite des excès aux-

  1. Le lecteur ne sera pas fâché de trouver les expressions de Jornandès ou de l’auteur qu’il a copié. Regiam urbem ingressus est ; miransque, en, inquit, cerno quod sæpe incredulus audiebam, famam videlicet tantæ urbis. Et hue illuc oculos volvens, nunc situm urbis commeatumque navium, nunc mœnia clara prospectans, miratur ; populosque diversarum gentium, quasi fonte in uno è diverses partibus scaturiente undâ, sic quoque militem ordinatum aspiciens. Deus, inquit, est, sine dubio, terrenus imperator, et quiquis adversùs eum manum moverit, ipse sui sanguinis reus existit. Jornandès (c. 28, p. 650) continue à raconter sa mort et les cérémonies de ses funérailles.