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et n’imita point son exemple[1] ; et dans la recherche des faits du règne de Théodose, nous sommes réduits à démêler la vérité des récits peu impartiaux de Zosime, au moyen de quelques passages obscurs tirés de divers fragmens et de quelques chroniques ; du langage outré ou figuré des panégyriques et des poésies, et du secours suspect des écrivains ecclésiastiques, qui, dans la chaleur des factions religieuses, sont souvent disposés à négliger des vertus profanes, telles que la modération et la sincérité. Pénétré de ces désavantages auxquels je vais me trouver exposé pendant une portion considérable de ce qui me reste à tracer du déclin et de la chute de l’Empire romain, je n’avancerai désormais qu’armé du doute et de la précaution. Je puis cependant

    et Græcus, à principatu Cæsaris Nervæ exorsus, adusque Valentis interitum, pro virium explicavi mensurâ : nunquam, ut arbitror, sciens, silentio ausus corrumpere vel mendacio. Scribant reliqua potiores ætate, doctrinisque florentes. Quos id, si libuerit, aggressuros, procudere linguas ad majores moneo stylos. (Ammien, XXXI, 16.) Les treize premiers livres, qui contenaient une vue abrégée de deux cent cinquante-sept ans, sont perdus ; il ne reste que les dix-huit derniers, qui comprennent le court espace de vingt-cinq années, et offrent l’histoire complète et authentique du temps où vivait l’auteur.

  1. Ammien fut le dernier sujet de Rome qui composa une histoire profane en langue latine. L’Orient produisit dans le siècle suivant quelques historiens déclamateurs, Zosime, Olympiodore, Malchus, Candidus, etc. Voyez Vossius, De Hist. græc., l. II, c. 18, etc. ; De Hist. latin., l. II, c. 10, etc.