Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand nombre d’officiers braves et distingués périrent à la bataille d’Adrianople, dont la perte fut égale à celle de la défaite de Cannes, et dont les suites entraînèrent des malheurs infiniment plus funestes[1]. On trouva parmi les morts deux maîtres généraux de la cavalerie et de l’infanterie, deux grands officiers du palais, trente-cinq tribuns, et l’univers put apprendre avec quelque satisfaction, que Sébastien, l’auteur du désastre public, en avait été aussi la victime. L’armée romaine, réduite à moins d’un tiers, regarda comme un grand bonheur l’obscurité de la nuit qui favorisait la fuite de la multitude dispersée et la retraite plus régulière de Victor et de Richomer, qui, seuls, au milieu de la consternation générale, montrèrent ce que peuvent le calme et la discipline[2].

  1. Nec ulla annalibus, præter Cannensem pugnam, ita ad internecionem res legitur gesta. (Ammien, XXXI, 13.) Selon le grave Polybe, il ne s’échappa du champ de bataille de Cannes que six cent soixante-dix cavaliers, et trois mille soldats d’infanterie ; dix mille furent faits prisonniers, et le nombre des morts se monta à cinq mille six cent trente cavaliers, et soixante-dix mille fantassins. (Polybe, l. III, p. 371, éd. Casaubon, in-8o.) Tite-Live (XXII, 49) est un peu moins sanglant ; il ne compte parmi les morts que deux mille sept cents cavaliers et quarante mille hommes d’infanterie. L’armée romaine consistait, à ce que l’on suppose, en quatre-vingt-sept mille deux cents hommes effectifs (XXII, 36).
  2. J’ai tiré quelques faibles lumières de saint Jérôme (t. I, 26, et dans la Chronique, p. 188), de Victor (in Epit.), d’Orose (l. VII, c. 33, p. 554), Jornandès (c. 27), Zosime (l. IV, p. 230), Socrate (l. IV, p. 38), Sozomène (l. VI,