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curé l’occasion de déployer les utiles et solides qualités qui le firent distinguer de tous ses compagnons d’armes. Valentinien avait la taille haute ; sa personne était pleine de grâce et de majesté ; sa noble contenance, animée de l’expression du courage et de l’intelligence, frappait ses ennemis de crainte et ses amis de respect. L’invincible courage de Valentinien était secondé par une force de corps et de constitution qu’il avait héritée de son père. Par cette habitude de tempérance et de chasteté qui dompte les passions et augmente la vigueur des facultés de l’esprit et du corps, Valentinien avait conservé sa propre estime et celle du public. Élevé dans les camps, au milieu du tumulte des armes, ayant eu peu de loisir pour se livrer à la littérature, il ignorait la langue grecque et les règles de l’éloquence ; mais incapable de crainte et d’embarras, il savait, toutes les fois que l’occasion le demandait, exprimer avec autant de facilité que d’assurance des sentimens toujours fermement arrêtés. Valentinien n’avait étudié que les lois de la discipline militaire, et il se fit bientôt distinguer par son infatigable activité et par la sévérité inflexible avec laquelle il exigeait des soldats l’exactitude dont il donnait l’exemple. Sous le règne de Julien, il s’était audacieusement exposé à sa colère par le mépris qu’il montrait publiquement pour la religion de cet empereur[1]. L’examen de sa conduite pos-

  1. À Antioche, ayant été obligé d’accompagner Julien au temple, il frappa un prêtre qui voulut le purifier avec